Revision du TARMED: Allons en masse sur la Place fédérale et vite!

Briefe / Mitteilungen
Ausgabe
2017/38
DOI:
https://doi.org/10.4414/saez.2017.06013
Schweiz Ärzteztg. 2017;98(38):1218-1219

Publiziert am 20.09.2017

Révision du TARMED: Allons en masse sur la Place fédérale, et vite!

Mesdames, Messieurs les membres du comité de la FMH
Chers Collègues,
Qu’est-ce que nous attendons? Qu’est-ce que la FMH attend avant de se décider à lancer le mot d’ordre d’une manifestation générale de toute la corporation médicale sur la Place fédérale? Est-ce notre incurable naïveté ou notre in­al­térable passivité qui nous retient de passer à l’action pour faire comprendre à la population, aux assureurs et à M. Berset, que la révision tarifaire programmée pour le premier janvier prochain est incroyablement contre-productive et dangereuse. Les communiqués de presse n’y suffiront pas, c’est certain, les belles intentions de se serrer les coudes au sein de la FMH n’auront strictement aucun impact non plus si elles ne se concrétisent pas dans la rue.
Au-delà des injustices particulières qui pleu­vent sur telle ou telle spécialité dans la révision Berset, il est des points de cette révision qui touchent au fondement de notre pratique médicale, parce qu’elles touchent au temps disponible indispensable pour l’anamnèse et l’écoute, dans l’urgence ou en dehors de l’urgence, pour les enfants et pour les personnes âgées mais encore plus avec cette révision pour ceux qui ne sont ni assez jeunes ni assez vieux pour avoir droit à ce qu’on les écoute et les examine avec tout le temps et l’attention requise. Ce sont évidemment, comme il a été relevé dans le communiqué de la FMH du 18 août, les limitations de durée pour toute une série de positions de consultation et d’actes en l’absence du patient et les forfaits pour les urgences.
Depuis l’annonce par M. Berset des révisions qu’il tient à conserver au terme de la procédure de consultation, il n’est pas un jour de consultation où, comme moi, vous ne vous dites pas: comment vais-je gérer cette situation en 20 minutes, comment vais-je administrer ce traitement dans le temps et avec la surveillance conformes aux règles, comment vais-je opérer cela en restant rentable depuis le 1er janvier 2018. M. Berset ne nous offre que trois solutions: vous donnez du temps gra­tuitement, vous «saucissonnez» vos interventions (c. à d. vous investiguez en trois fois ce que vous auriez pu faire en une) ou vous ­renoncez. Toute autre solution évoquée dans son allocution n’est que mensonge ou désinformation.
Ces dernières années la population suisse nous a aidé avec beaucoup de clairvoyance à nous prémunir, lors de plusieurs votations importantes, contre les projets de médecine ultra-libérale de la droite et des assureurs et contre les projets ultra-centralisateurs de la gauche, même lorsque nous étions nous-mêmes divisés ou pas très au clair sur ces questions. Nous devons en retour à notre ­population de nous investir maintenant massivement dans la rue pour expliquer à tous que le projet de M. Berset, même atténué par une prise de conscience aussi incomplète que salutaire, ne profite qu’à son auteur et aux ­assurances et reste un danger majeur et très concret pour tous.
Laissons de côté un moment nos problèmes de valeurs intrinsèques et nos particularismes pour aller à l’essentiel: préservez nos patients d’une médecine où tout devra se faire en les bousculant et en bâclant, en remplaçant l’écoute par les examens complémentaires et le temps qui leur est consacré par du temps passé à remplir des demandes d’autorisation aux assureurs pour avoir du temps de plus à leur consacrer (ce n’est pas de la caricature, ce sera la réalité du 1er janvier 2018)!
J’en appelle donc instamment la FMH et toutes les sociétés médicales regroupées dans le groupe SOS Santé à mettre leurs forces en commun pour organiser très rapidement une manifestation sur la Place fédérale. Le temps presse car une fois les détails de la révision ­publiés en octobre, il sera bien plus difficile à M. Berset de revenir en arrière sur ses décisions, parce qu’il en ira de sa crédibilité politique. Par contre la simple annonce d’une telle manifestation constituera déjà un pavé dans la mare de ceux qui croient savoir, mieux que tout le monde, ce dont ont besoin les gens ­malades.
Montrer notre force sur la place publique c’est nous montrer crédibles pour nos patients, qui pourraient sinon nous reprocher à juste titre de n’avoir rien fait. Il serait totalement faux de penser que l’important désormais est de se consacrer uniquement à faire avancer TARCO, parce que le jour où arriveront les négociations avec les partenaires tarifaires, le nouveau standard sera le TARMED révisé et nous serons clairement en position de faiblesse. ­Manifester massivement, c’est aussi nous met­­tre en position de force en vue des négociations futures avec les assureurs et les autorités politiques. Parce que pour l’instant nous sommes assurément considérés par nos «partenaires» comme une corporation divisée, naïve, passive, manipulable et corvéable à merci! Si vous pensez comme moi, dites-le et dites le vite au comité de la FMH.
A tout bientôt, je l’espère, sur la Place fédérale, sous la bannière de la FMH.