Médecin : Assumer son rôle

Briefe / Mitteilungen
Ausgabe
2018/09
DOI:
https://doi.org/10.4414/saez.2018.06506
Schweiz Ärzteztg. 2018;99(09):269-270

Publiziert am 28.02.2018

Médecin: assumer son rôle

Plutôt que se camoufler derrière les lois, les dogmes ou Hippocrate.

Lettre à propos de: Stalder H. Assistance au suicide: quel rôle pour le médecin? Bull Méd Suisses. 2018;99(6):194
L’excellent article du Prof. Hans Stalder dans le BMS du 7 février mérite approfondissement et ouvre la voie à une vraie discussion entre médecins sur la définition d’une attitude professionnelle et humaniste face à la demande d’aide en fin de vie. Comme chirurgien retraité, ancien président de la Société vaudoise de médecine et membre du comité Exit Suisse romande, je désire remercier le Dr Stalder pour son approche nuancée, tolérante, soucieuse de mieux aider le malade. Ce dernier doit en effet être à la fois respecté dans sa liberté de décision et son choix de fin de vie, sa souffrance et sa demande analysées sans préjugé, l’avis de ses proches et l’harmonie de la famille survivante sauvegardés.
«Une nouvelle tâche qui n’est pas de la compétence d’autres acteurs sociaux.»
C’est bien là où les médecins doivent réellement assumer leur rôle ou dégager leur responsabilité si la volonté du patient est en contradiction absolue avec leur credo ou position devant la mort. Récemment, dans l’hôpital universitaire vaudois, c’est la nièce d’une personne demandant un accompagnement en fin de vie qui doit montrer le texte de la loi cantonale au médecin responsable qui s’oppose à ce que le suicide ait lieu dans son département. Contrairement à la loi.
Où Hans Stalder a cent fois raison, c’est lorsqu’il demande instamment que «ce sujet sensible soit approfondi par l’éthique avant d’être discuté par des parlementaires». Les chiffres de la croissance importante des inscriptions à Exit et celle des aides en fin de vie révèlent un changement profond de l’opinion publique devant la souffrance et les douleurs qui précèdent une mort que les médecins annoncent tout en refusant d’aider à mourir. Personnellement, je comprends bien cette attitude médicale, mais c’est votre patientèle qui ne la comprend pas! Et le risque d’une réglementation existe qui pourrait ignorer et la volonté du malade, et celle du médecin de proximité.
Les morts par insuffisance respiratoire ou cardiaque terminales, cancers généralisés, maladies dégénératives du système nerveux, polyarthroses invalidant le vieillard et accompagnées de cécité, surdité, et insuffisances sphinctériennes multiples ne sont plus acceptées de la même manière en 2018 qu’autrefois. Tout en tenant compte de l’évolution de l’opinion, il est possible de préserver à la fois un idéal hippocratique centré sur l’aide jusqu’au bout de la vie, et la volonté de la personne d’en finir rapidement avec des souffrances qui ne mènent nulle part.
Les médecins ne doivent pas laisser para-médics, administratifs, religieux ou politiciens en décider à sa place: le respect essentiel de la personne malade doit être assuré par lui (ou elle), c’est son rôle. Il ne faut surtout pas que les divergences, prévisibles entre nous sur un tel sujet, conduisent à l’inaction ou au silence de toute une profession. Si nous n’assumons pas ce rôle, à mon humble avis, nous ne sommes plus de vrais médecins.