Le Tribunal fédéral a dernièrement tranché un cas de responsabilité médicale où le médecin mis en cause était accusé d’homicide par négligence (référence: 6B_1287/2018). Ce médecin généraliste, au bénéfice d’une longue pratique, avait omis de contrôler la fiche de traitement que le personnel de l’EMS, où était institutionnalisé son patient, un homme polymorbide de près de 80 ans, lui avait soumise pour vérification. En vue du renouvellement de la prescription, ce document indiquait les divers médicaments qui devaient être pris par le patient, soit une dizaine chaque jour! Regrettablement, à la suite d’une erreur, cette fiche indiquait que le patient devait prendre 2,5 mg de méthotrexate tous les jours, alors que la posologie correcte, suivie dans son cas depuis déjà des années, était d’une prise hebdomadaire. Cette erreur était due à une mauvaise communication et transcription lors du transfert du patient depuis son précédent EMS. On soulignera que le médecin, poursuivi ici pénalement, n’avait ni prescrit le méthotrexate, ni organisé le transfert, ni administré les médicaments, ni établi la fiche en cause. Il lui avait été uniquement demandé de contresigner cette dernière alors qu’il était de passage dans l’EMS pour prendre des nouvelles de son patient qui avait fait une chute. Néanmoins, si le médecin avait lu le document attentivement, il aurait décelé l’erreur et aurait indubitablement interrompu le traitement; le patient n’aurait alors ingéré qu’une double dose de méthotrexate. Quand l’erreur a finalement été découverte, le patient avait pris le médicament pendant cinq jours d’affilée et son état s’était fortement dégradé. Informé par le personnel de l’EMS, le médecin a alors instruit d’arrêter la prise de méthotrexate durant deux semaines et d’exercer une surveillance rapprochée sur le patient; il a en revanche renoncé à ordonner une hospitalisation immédiate. Celle-ci a néanmoins eu lieu en urgence le lendemain. Malgré les soins prodigués, le patient est décédé dix jours plus tard et le décès a été attribué à une surdose de méthotrexate.