Il faut bannir les pesticides

Briefe / Mitteilungen
Ausgabe
2021/07
DOI:
https://doi.org/10.4414/saez.2021.19622
Schweiz Ärzteztg. 2021;102(07):242-243

Publiziert am 16.02.2021

Il faut bannir les pesticides

Dans le BMS du 20 janvier dernier, le Dr Tschudi attirait notre attention sur les conséquences des pesticides de synthèse sur la santé.
Il est utile de rappeler que les firmes agrochimiques qui commercialisent ces produits ont réussi le tour de force de nous faire oublier que les insecticides sont faits pour tuer les insectes. Comme ils sont utilisés à très large échelle, qu’ils se retrouvent dans les sols, les eaux, l’air et les organismes vivants, il n’est pas surprenant que la biomasse d’insectes volants se soit effondrée de 75% en un quart de siècle. Et que cet effondrement touche également les populations d’oiseaux qui se nourrissent d’insectes et de graines enrobées de pesticides. En 1962, R. Carson avait dans son livre [1] déjà à peu près tout dit sur les risques liés aux pesticides qu’elle préconisait de renommer biocides, en raison de leur effet létal sur d’autres organismes que ceux ciblés. Si la publication de ce livre avait permis à l’époque l’interdiction du DDT, il n’a pas freiné le développement et l’utilisation massive des pesticides, en particulier des néonicotinoïdes, neurotoxiques à dose infinitésimale.
Les firmes agrochimiques ont des stratégies éprouvées de diversion pour brouiller les pistes et dissimuler la cause principale du déclin des insectes. Stéphane Foucart les résume bien dans un de ses livres [2]. On peut citer entre autres: offrir des financements de recherche à des experts pour réaliser des études destinées à détourner l’attention vers des causalités alternatives au déclin des insectes et installer l’idée que leur disparition est une énigme; saper la crédibilité de chercheurs ­indépendants; placer ses pions dans toutes les organisations où se discute l’adoption des normes réglementaires.
Mais finalement à quoi servent les pesticides? Des études récentes montrent que dans la majorité des cas les traitements systémiques sont inutiles, que les pesticides ne permettent pas de réel gain de rendements, qui par ­ailleurs ont même tendance à décliner. Les ­tenants de l’agriculture industrielle nous ­assurent qu’il serait impossible de nourrir le monde sans l’usage massif d’intrants. Bien des expériences montrent le contraire. Et comment peut-on imaginer nourrir le monde dans une nature éteinte, sans pollinisateurs? C’est une industrie de mort qui a été mise en place. Il y a 30 ans, il y avait profusion d’abeilles, de bourdons, de papillons; le chant des oiseaux était incessant. Les enfants d’aujourd’hui n’ont plus aucune idée de cette richesse passée.
Nous allons voter le 13 juin sur deux initiatives complémentaires d’importance capitale. D’une part pour une Suisse libre de pesticides de synthèse; et d’autre part pour une eau potable propre et une alimentation saine. L’organisation faîtière du corps médical suisse, la FMH, devrait être à la pointe pour inviter toutes les sociétés de médecine, et plus largement tous les acteurs de santé à se mobiliser en faveur de ces initiatives.
Les changements climatiques, l’extinction des espèces, les pollutions massives nous interrogent chaque jour un peu plus sur la possibilité même de survie de l’espèce humaine sur une terre dévastée. Face à ce constat, nous devrions nous révolter et rejoindre toutes celles et ceux qui se battent, tout particulièrement les jeunes qui nous montrent l’exemple.