Qualité de la médecine

Briefe / Mitteilungen
Ausgabe
2022/14
DOI:
https://doi.org/10.4414/saez.2022.20687
Schweiz Ärzteztg. 2022;103(14):469

Publiziert am 06.04.2022

Qualité de la médecine

A mon avis, la première mission d’un Etat est de se pourvoir d’un système de santé, d’un système d’enseignement et d’une défense. Pour ce qui est de la santé, force est de constater que la Suisse est en échec complet. En effet, si notre monnaie n’était pas si forte, nous ne pourrions pas siphonner depuis plusieurs décennies les infirmières et médecins formés à grands frais par nos voisins et la population suisse serait contrainte de vivre dans un désert médical!
Mais cette constatation ne semble pas émouvoir plus que cela notre Conseil fédéral ni notre Parlement. Non, on préfère à la discussion sur les vrais enjeux d’une formation tenant compte des besoins, organiser des réflexions sur les coûts et la qualité… et voir comment enfin gérer et soumettre cette caste médicale. Notre système fonctionnait trop bien pour que l’on ne puisse s’empêcher de le réformer, pour imiter ceux qui ne fonctionnent pas, comme l’étatisation allemande qui est un échec retentissant.
Alors que la pénurie de médecins est annoncée depuis longtemps, nos Autorités sont plus préoccupées que jamais par de nouvelles contraintes à faire appliquer au plus vite. Et cela à un moment où la pratique de notre art devient de plus en plus complexe sur le plan scientifique. Toutes les spécialités sont concernées par les progrès prodigieux apportés par les nouvelles technologies (radiologie interventionnelle, radiothérapie, nouvelles molécules introduites en oncologie et dans les traitements des maladies inflammatoires, etc.). L’adaptation indispensable à ces nouveautés extrêmement complexes requiert un effort constant de la part des médecins.
Loin de se concentrer sur son rôle essentiel qui est un approvisionnement adéquat en personnel de santé, médecins et infirmières, nos Autorités, Conseil fédéral et Parlement, s’acharnent à inventer des chicaneries administratives qui absorbent notre énergie, notre temps et nos finances. Et pourtant, nous aurions les moyens de faire beaucoup mieux. A Genève, sur près de 700 candidats aux études de médecine, nous n’en gardons que 140, les plus de 500 restants n’étant pas jugés dignes d’entrer dans une carrière qu’ils auraient pourtant ardemment souhaitée et méritée. Au lieu de mettre de l’argent dans cette formation, le Conseiller fédéral Berset préfère investir près de 45 millions de francs dans une usine à gaz nommée Commission Fédérale pour la qualité médicale!
Les études de médecins sont longues et compliquées. Et arrivés au terme de leur formation purement universitaire, les jeunes médecins entrent dans un système hospitalo-universitaire devenu d’une complexité gigantesque. Et pour ceux que cela n’aura pas découragés, ils se retrouvent, au moment de leur installation, confrontés à toutes les lois et les règlements, qui ont, en partie, leur raison d’être, mais qui ajoutés les uns aux autres font que la somme est insupportable.
Alors, que demander? Que toute décision prise par nos gouvernants soit correctement évaluée quant à son bénéfice réel, ses implications dans la pratique quotidienne, et ses retombées sur les coûts. Que la FMH s’implique, au nom de ses membres, pour exiger fermement de nos Autorités un mode de fonctionnement, dicté par les impératifs médicaux, qui permette aux médecins d’exercer leur art au plus près de leur conscience, pour le bien des patients – que nous sommes tous à un moment ou l’autre de notre existence. Ça c’est la vraie qualité de la médecine!