A la lumière des résultats de l’étude, les quatre défis centraux suivants pour les médecins de famille ont été identifiés: (1) difficultés linguistiques et financement mal défini des prestations des interprètes, (2) problématique des interfaces avec le secteur social, associée, pour les médecins, à une difficulté d’accès aux informations spécifiques fournies par le secteur social, (3)problèmes psychosociaux des patient(e)s et pénuries dans la prise en charge psychothérapeutique et psychiatrique, (4) absence chez les médecins d’informations de fond sur les aspects culturels intervenant dans les soins de santé. Pour chaque défi, l’équipe de projet a élaboré une proposition de solution, l’accent étant mis sur la faisabilité pratique. Ces propositions ont été débattues et concrétisées dans le cadre d’un atelier interdisciplinaire rassemblant une vingtaine d’acteurs importants du secteur social et du secteur de la santé dans le canton de Lucerne (représentants de la médecine ambulatoire de premier recours et d’urgence, de la psychiatrie/psychothérapie, des caisses-maladie, des services sociaux et des consultations sociales, des services de conseil spécifiquement axés sur la migration et de l’administration cantonale). Cet atelier a déjà contribué à améliorer l’interface entre le secteur de la santé et le secteur social. Pour rendre les résultats de l’atelier utilisables au-delà du canton de Lucerne, en novembre 2016, des recommandations générales en ont été tirées, pour la Confédération et les autres cantons, pour éclairer le besoin d’assistance des médecins de famille dans la prise en charge des patient(e)s is-su(e)s de la migration. A l’échelon cantonal, l’une des grandes mesures proposées est la création d’un centre devant permettre aux médecins, grâce à sa fonction de triage, de renvoyer leurs patient(e)s vers les offres sociales appropriées pour les questions autres que médicales. En complément, un portail Internet pourrait servir de portail d’entrée à ce centre; ce portail aurait pour objet de regrouper et de fournir toutes les informations sur les offres de soutien dans le domaine médical et social dans le canton ainsi que des supports d’information dans différentes langues. Parallèlement à cela, les offres existantes doivent être utilisées et, le cas échéant, étendues. Par ailleurs, les médecins de famille intéressés doivent se voir proposer des offres de formation continue accessibles sur des thèmes interculturels, idéalement sous la forme d’ateliers proches de la pratique. Il conviendrait à cet égard d’utiliser des formats existants tels que des séminaires nationaux, ainsi que des offres régionales de formation continue comme les cercles de qualité. A l’échelon national, il faudrait en particulier avancer dans la clarification de la prise en charge des coûts des prestations des interprètes dans le secteur ambulatoire, tout en soutenant activement la communication sur les offres de soutien qui existent à l’échelon national. Il conviendrait également de réfléchir au soutien à apporter aux différentes possibilités de conseil, de suivi et de prise en charge des patient(e)s issu(e)s de la migration et présentant des problèmes psychiques et de faire avancer activement cette thématique. Les pénuries dans la prise en charge psychiatrique et psychothérapeutique constituent un problème très actuel, qui touche certes toute la population suisse mais qui s’accentue chez les patient(e)s issu(e)s d’un autre environnement linguistique et culturel. Ce problème devrait encore s’amplifier compte tenu de la dynamique migratoire actuelle, chez les jeunes en particulier.